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La Parole Vibratoire : psychanalyse, champ de conscience et résonance du vivantpar Laurent Brun-Lafferrere


1. La vibration du verbe dans la psychanalyse jungienne

La parole est la matière première de toute psychanalyse.

Mais trop souvent, on la réduit à un simple instrument de communication, un vecteur de sens.

Or, bien avant d’être porteuse de signification, la parole est onde, souffle, vibration.

Elle traverse l’air, ébranle la matière, fait résonner l’espace intérieur et relie les âmes.

Elle est énergie avant d’être discours, présence avant d’être pensée.

C’est cette dimension vivante que Carl Gustav Jung a pressentie lorsqu’il affirma que

« la parole est l’organe d’expression de l’âme ».

Dans la rencontre analytique, le mot n’agit pas seulement parce qu’il est compris,

mais parce qu’il touche une fréquence du psychisme capable d’éveiller une transformation.

Parler, dans l’espace de l’analyse, c’est mettre en mouvement des ondes de sens qui se propagent au-delà du langage,

dans le champ symbolique partagé entre l’analyste et l’analysant.

Freud avait découvert la puissance libératrice de la parole à travers la talking cure.

Jung en a approfondi la portée en montrant que le mot est aussi un symbole,

c’est-à-dire une forme vivante où l’énergie psychique circule.

Chaque image, chaque association, chaque mot prononcé dans la sincérité du cœur

devient un pont entre le conscient et l’inconscient.

Le symbole, disait-il, « n’est jamais inventé ; il naît ».

Ainsi, le verbe n’explique pas l’âme : il la manifeste.

Dans l’espace analytique, la parole ne se contente pas de décrire les blessures ;

elle les fait vibrer à nouveau, leur redonne un corps sonore pour qu’elles puissent se métamorphoser.

La vibration du mot juste, lorsqu’il jaillit du fond du cœur,

agit comme une onde de réorganisation intérieure.

Elle accorde ce qui était dissonant, rétablit la circulation du sens,

et permet à la psyché de retrouver sa cohérence naturelle.

2. La parole comme onde d’incarnation du Soi

Jung concevait le processus d’individuation comme un mouvement d’incarnation du Soi dans la conscience.

Mais comment ce mouvement s’opère-t-il ?

Non pas par accumulation de savoirs, mais par mise en résonance.

Chaque fois qu’un individu parle avec authenticité, qu’il laisse émerger un mot chargé d’âme,

il aligne une part de lui-même sur la vibration du Soi, cette totalité intérieure qui cherche à se réaliser.

La parole consciente agit alors comme un diapason intérieur.

Elle accorde le moi à des fréquences plus profondes du psychisme,

où les opposés se rejoignent et où la vie se fait Un.

Le mot devient alchimie sonore : il transmute la souffrance en sens, la peur en vérité,

la division en unité.

La physique moderne nous aide aujourd’hui à comprendre ce que Jung pressentait intuitivement.

Les travaux de David Bohm sur l’« ordre implié » montrent que le réel visible émerge d’un champ invisible,

un tissu d’informations où tout est déjà en relation.

L’univers n’est pas un ensemble d’objets, mais une vibration cohérente de conscience.

Le mot prononcé, lorsqu’il émane d’un être centré,

agit comme une onde d’interférence dans ce champ global :

il informe la matière psychique, modifie la configuration du champ et peut provoquer une réorganisation profonde.

Ainsi, la psychanalyse n’est pas qu’un travail du sens,

elle est aussi une science de la résonance :

chaque mot juste, chaque silence habité, chaque regard véritable

agit comme une onde d’harmonisation entre le moi et le Soi,

entre le monde intérieur et le monde extérieur.

3. Le champ vibratoire de la conscience et la science contemporaine

Les découvertes récentes de la neurophysiologie, de la physique quantique et des sciences du vivant

ouvrent aujourd’hui une voie d’unification entre la psychologie analytique et une vision énergétique de l’humain.

Le cerveau n’est plus considéré comme le siège unique de la conscience,

mais comme un interface de modulation d’un champ plus vaste.

Les expériences d’états modifiés de conscience, qu’elles soient induites par la méditation,

la transe, la respiration, ou certaines pratiques rituelles,

montrent que la conscience peut s’élargir, percevoir d’autres plans d’information,

et produire des transformations durables sur le plan psychique et corporel.

Les recherches de l’Institut HeartMath (Rollin McCraty, 2001 ; Joe Dispenza, 2017)

démontrent que le cœur humain génère un champ électromagnétique puissant,

capable d’influencer les systèmes biologiques voisins et l’état émotionnel global.

Lorsque la respiration, le rythme cardiaque et l’état mental entrent en cohérence,

le système nerveux s’équilibre, la pensée devient plus claire,

et la perception du monde se fait plus unifiée.

Autrement dit, la cohérence du cœur élève la fréquence de la conscience.

Or, Jung disait déjà que « le symbole vivant est l’expression la plus juste de l’énergie du Soi ».

Autrement dit, la psyché ne se comprend pas en termes mécaniques,

mais en termes dynamiques : elle est champ, onde, vibration.

Ce que la physique appelle énergie, la psychologie nomme libido ;

et ce que l’âme ressent comme amour n’est autre qu’un état de cohérence vibratoire entre les êtres.

C’est ici que se rejoignent la science, la spiritualité et la psychanalyse :

toutes trois parlent d’un même phénomène, observé sous des angles différents :

la résonance du vivant.

Le monde n’est pas un ensemble de choses, mais un réseau d’interactions.

Chaque pensée, chaque émotion, chaque parole contribue à façonner ce champ global de conscience où nous baignons.

4. Le cœur comme axe sacré de résonance — Wakan Tanka et cohérence intérieure

Chez les peuples Lakota, on ne sépare jamais la connaissance de la vibration qui la soutient.

Le mot même de Wakan Tanka — littéralement « le Grand Mystère » — désigne l’énergie sacrée qui traverse tout ce qui vit.

Là où la science contemporaine parle de champ unifié, le Lakota parle d’Esprit.

Et ce champ ne se pense pas : il se ressent, il se respire, il se vit.

Lorsqu’un chaman bat le tambour, il n’imite pas un rythme ; il entre en syntonie avec le battement du monde.

Chaque coup est une onde envoyée dans le corps collectif, un rappel à l’unité.

Les neurosciences ont aujourd’hui montré que ces fréquences rythmiques entraînent le cerveau en ondes alpha ou thêta,

états de conscience où la créativité et la guérison s’amplifient.

Autrement dit, ce que les traditions appelaient « transe » correspond à un changement mesurable de la fréquence cérébrale.

Le tambour, le souffle, la prière — tout cela agit sur le même principe que la parole :

le ré-accordage du champ intérieur.

Le cœur devient alors l’axe de jonction entre Ciel et Terre :

le lieu où la vibration descend de l’esprit pour s’incarner, et remonte de la matière pour se spiritualiser.

Les anciens disaient que le cœur est « la première oreille » ;

aujourd’hui, la physiologie montre que plus de 60 % des neurones cardiaques communiquent avec le cerveau émotionnel.

Le cœur n’est donc pas qu’une pompe, c’est un organe d’intelligence.

Ainsi, chaque fois qu’un être humain parle depuis son cœur, il fait vibrer le monde.

Il rétablit la continuité entre les règnes : le minéral, le végétal, l’animal et l’humain.

Il retrouve la langue originelle du vivant — non celle des mots, mais celle du rythme, du souffle et de la résonance.

5. Mitákuye Oyás’in : le lien universel du vivant

La formule Mitákuye Oyás’in — « Nous sommes tous reliés » — résume à elle seule l’intuition que Jung formula sous une autre forme :

celle de l’inconscient collectif et de la synchronicité.

Pour les Lakota, chaque pensée, chaque geste, chaque parole agit dans le réseau invisible du vivant.

Rien n’est isolé : le rocher, l’oiseau, l’homme et l’esprit participent d’un même flux.

Cette interconnexion trouve aujourd’hui écho dans la physique quantique :

le phénomène d’intrication montre que deux particules ayant interagi continuent à influencer l’une l’autre,

même séparées par des années-lumière.

Sur le plan psychique, Jung et le physicien Wolfgang Pauli observaient déjà le même principe dans les coïncidences signifiantes :

deux événements sans lien causal mais reliés par un sens.

La synchronicité n’est rien d’autre qu’une résonance entre champs de conscience.

Ainsi, lorsque nous prononçons une parole, nous n’agissons pas seulement sur celui qui l’entend ;

nous modifions, même imperceptiblement, la fréquence du champ commun.

Une parole de haine crée de la dissonance ; une parole de vérité élève la vibration collective.

Les cérémonies de guérison, qu’elles soient chamaniques ou analytiques, reposent sur cette loi :

la résonance transforme la matière du monde.

Dans la pratique psychanalytique animiste, ce principe devient fondamental :

le thérapeute ne cherche pas à expliquer, mais à accorder.

Il écoute le patient comme on écoute un instrument,

non pour corriger la note fausse, mais pour retrouver avec lui la justesse perdue.

Le transfert devient un phénomène de syntonie,

et le silence même devient parole lorsque deux présences vibrent à l’unisson.

6. Vers une psychanalyse de la résonance

Repenser la psychanalyse à la lumière de la vibration, c’est la réconcilier avec la physique, la biologie et la spiritualité.

L’inconscient collectif de Jung rejoint le champ morphique de Sheldrake ;

le Soi se comprend comme une fréquence fondamentale autour de laquelle s’organise notre cohérence ;

et la parole devient onde de transformation dans ce champ global.

L’analyse n’est donc pas une explication du passé, mais une musique du présent.

Elle demande, comme toute musique, une écoute subtile :

celle qui perçoit les harmoniques de l’âme, les dissonances de l’histoire et les résonances du futur.

L’analyste n’est plus un interprète du sens caché,

mais un témoin du champ, un être de présence qui, par la qualité vibratoire de sa parole et de son silence,

ouvre l’espace où le Soi peut se manifester.

Ainsi se rejoignent Jung et les sages Lakota :

tous deux affirment que la conscience n’est pas enfermée dans l’individu,

mais participe d’une totalité vivante.

La guérison n’est pas seulement psychologique, elle est cosmique.

Elle rétablit l’accord entre l’homme et le monde, entre la parole et la vibration, entre le cœur et le cosmos.

« Et si la psychanalyse et le psycho-animisme étaient, au fond, des arts de la résonance ? »

Références principales

 • Carl G. Jung, L’Homme à la découverte de son âme, Buchet-Chastel, 1953.

 • Carl G. Jung, Aïon. Études sur la phénoménologie du Soi, 1951.

 • David Bohm, Wholeness and the Implicate Order, 1980.

 • Rupert Sheldrake, Morphic Resonance, 1981.

 • Rollin McCraty, Science of the Heart, HeartMath Institute, 2015.

 • Antoine Frattini, Jung animiste ?, Éd. Entrelacs, 2021.

 • James Hillman, The Soul’s Code, 1996.


 
 
 

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